Mon année au Studio par Skyld
Plongez-vous dans le récit d'une année d'exploration entrepreneuriale du programme ISS, à travers les témoignages des alumni. Qu'ils aient créé une entreprise innovante à l'issue ou non, tous ont vécu une année engagée, enrichissante et personnelle. Ecoutez-les et découvrez au fil des vidéos et interviews, leurs défis, moments forts et apprentissages majeurs ; sans oublier la force des rencontres qui font l'histoire des startups.
Marie Paindavoine : “Le plus grand défi, c’est de passer d’un powerpoint à une entreprise”
Pendant sa thèse, Marie Paindavoine n’a jamais été incitée à relever le défi de l’entrepreneuriat. Elle a vite été confrontée à l’écosystème startup, son jargon et ses codes à maîtriser. Avec l’aide d’Inria Startup Studio, elle a néanmoins réussi à relever le défi du changement de posture en créant Skyld, startup qui sécurise les systèmes d’IA embarqués. Explications.
Sécurisation des algorithmes sur systèmes embarqués
Protéger les algorithmes d’intelligence artificielle les plus exposés aux attaques et tentatives de rétro-ingénierie, à savoir ceux installés sur des systèmes embarqués comme des smartphones, des objets intelligents, des caméras, des drones… le tout en s’assurant que le chiffrement n’empêche pas la bonne exécution des programmes. C’est tout l’intérêt de l’offre de Skyld, startup hébergée au sein du Startup Studio d’Inria, qui conçoit un kit de développement à destination des industriels voulant protéger le fruit de leur R&D.
“J’ai intégré le startup studio d’Inria de juin 2022 à mai 2023. Cet accompagnement quotidien dont j’ai bénéficié sur le site de Rennes, ainsi que les boards organisés tous les quinze jours permettent de prendre de la hauteur et de se poser les bonnes questions pour structurer un projet qui, au départ, ne cesse d’évoluer. C’est un bon moyen de ne pas se perdre.«
Parcours d’une chercheuse
“J’ai pu collaborer avec les chercheurs Inria sur les sujets de cyberdéfense et d’intelligence artificielle, ce qui permet à la fois de progresser techniquement et aide à se construire une crédibilité”, explique Marie Paindavoine. Si Skyld profite aujourd’hui de l’expérience de sa créatrice, celle-ci était pourtant loin de se destiner à une carrière d’entrepreneure, sans pour autant vouloir se cantonner à des travaux purement académiques.
Après une thèse Cifre (Conventions industrielles de formation par la recherche), réalisée chez Orange et à l’Université de Lyon autour du chiffrement homomorphe et soutenue en 2017, elle travaille successivement pour le compte de Renault puis de Famoco, une startup spécialisée dans la téléphonie, toujours sur des sujets de cybersécurité et de chiffrement de la donnée. Elle profite du confinement pour réfléchir au sujet de la sécurisation de l’IA, thème qui va l’amener à créer Skyld.
De docteur en cryptographie à entrepreneure
Les défis de la transition
Mais bien que disposant déjà d’une certaine expérience en entreprise, la nouvelle CEO avoue qu’il n’a pas toujours été simple d’enfiler le costume d’entrepreneure. Pourtant Marie maîtrise désormais le vocabulaire propre à son nouveau statut : “En ayant fait des mathématiques appliquées, j’étais plus incitée à publier mes travaux de recherche qu’à créer une entreprise. Lors de mes premières expériences professionnelles, je n’ai pas vraiment eu la vision du marché des entreprises pour lesquelles je travaillais. J’ai dû rencontrer des entrepreneurs pour que l’idée prenne forme. Mais j’ai encore laissé maturer ce projet pendant plusieurs mois, en reprenant un poste salarié pour plus de sécurité.”
Inria startup studio lui offrira alors l’accompagnement et les moyens nécessaires pour monter une activité : “Le défi pour les nouveaux entrepreneurs est de structurer leur entreprise, leur produit et la manière dont ils vont pouvoir le monétiser, notamment quand ils ont un profil très technique ou scientifique. Il y a une tendance à vouloir faire la plus belle technologie possible. De telles structures d’incubation permettent aux entrepreneurs d’apprendre qu’il est plus facile de développer une technologie que l’on a déjà vendue, plutôt que de vendre la technologie qu’on a toujours voulu développer !
Il faut un certain temps et de nombreux échanges pour comprendre les besoins de ses prospects et la manière de les approcher sans avoir un coût d’acquisition client trop élevé. En d’autres termes, le plus grand défi est de passer d’un powerpoint à une entreprise. Grâce au Studio, j’ai pu recruter un ingénieur qui a travaillé sur le prototypage pendant que j’allais explorer le marché, mais aussi me former au management, à la gestion d’une trésorerie et des ressources de l’entreprise…”
L’expansion de Skyld
Aujourd’hui, Marie Paindavoine a fait du chemin depuis les doutes ressentis au moment de formaliser son business plan il y a un an : “On me demandait de faire une roadmap à trois ou cinq ans, j’avais presque l’impression d’utiliser une boule de cristal pour faire mes prévisions. Les boards ont été très bénéfiques sur ce point, tout comme l’aide financière apportée par ISS.”
Une aide qui offre du temps et plus de sérénité à l’entrepreneure : “C’est primordial de savoir que l’on va pouvoir se développer dans de bonnes conditions, notamment lorsque l’on a des enfants. C’est l’un des gros freins de l’entrepreneuriat féminin”, indique la CEO, qui grâce à l’accompagnement d’ISS, a pu construire un dossier solide pour rejoindre l’accélérateur SkyDeck de l’Université de Berkeley aux Etats-Unis, dont la sélection est particulièrement sévère, puisque moins de 2% des candidatures sont acceptées.
Grâce à cette première levée de fonds, Skyld va poursuivre son développement, en recrutant notamment des docteurs en IA et en cybersécurité. L’objectif de Marie Paindavoine est de mettre en place un laboratoire de recherche capable de suivre l’évolution rapide du marché du machine learning, d’identifier les failles et les attaques possibles et de mettre en production les solutions adaptées. Quant au marché potentiel, il est immense : “Notre système protège l’algorithme, indépendamment des cas d’usages de ce dernier”, indique l’entrepreneure.
Redécouvrez les articles de Brij Srivastava, co-fondateur de Nijta et de Thibault Lenart, co-fondateur et PDG d’Operys.
Date de publication : 15/03/2024