L’Autumn Camp du Studio : parlons du Business Plan
Le Business Plan (BP) est un des objets les plus discutés dans le monde entrepreneurial. Pas de salut sans l’existence d’un tel document, en premier lieu pour être soi-disant crédible auprès des investisseurs, mais surtout peut-être pour l’entrepreneur lui-même. En structurant sa pensée, ses objectifs et les moyens d’y arriver,…
Le Business Plan (BP) est un des objets les plus discutés dans le monde entrepreneurial. Pas de salut sans l’existence d’un tel document, en premier lieu pour être soi-disant crédible auprès des investisseurs, mais surtout peut-être pour l’entrepreneur lui-même. En structurant sa pensée, ses objectifs et les moyens d’y arriver, il pourra en vérifier le réalisme puis mieux communiquer avec ses employés, ses partenaires et ses clients.
Alors, Inria Startup Studio (ISS) organisait pour la 3ème fois un camp intensif de deux jours réunissant les porteurs de projets dans un hôtel parisien. ISS propose un grand nombre d’outils et d’événements à ses porteurs, on l’a déjà mentionnée ici, comme par exemple la participation à Vivatech et à Hello Tomorrow, son Spring Camp plus focalisé sur un échange avec des invités externes au dispositif ou sa Fête des Startups dont l’édition 2024 aura lieu au Cyber Campus le 21 novembre 2024. Il est d’ailleurs encore temps de vous y inscrire !
Le problème et la solution du Business Plan
Pourtant le business plan reste un objet controversé. L’entrepreneuriat c’est de l’action et pas de l’analyse. Il est aussi parfois confondu avec les projections financières qui n’en sont qu’un sous-ensemble, elles-mêmes parfois un peu ridicules quand elles ont un horizon de cinq ans. Qui peut prédire l’avenir à si long terme pour des projets naissants dans un monde quasi-chaotique ?
La première demi-journée cherche à casser cette vision un peu trop mécanique en se référant à Guy Kawasaki dont l’ouvrage l’art de se lancer décrit un bon business plan comme un document PowerPoint en 10 diapositives, que nous partageons ici avec vous.
Et si vous préférez la vidéo, voici une excellente réflexion sur les bonnes questions à se poser pour comprendre les enjeux :
Définir le problème de quelqu’un et lui proposer une solution est le début du BP. Nos porteurs ont donc travaillé la première demi-journée à le définir et s’ils étaient déjà très avancés dans le programme (notre dispositif sélectionne au fil de l’eau sans esprit de promotion), alors ils ont pu approfondir ou valider leur slide-deck.
L’Autumn Camp est une des occasions proposées aux porteurs pour se rencontrer et échanger mais aussi de rencontrer des experts de l’entrepreneuriat. La première invitée était Lea Mékies Nahon, chargée d’affaires de l’incubateur public Agoranov. Nos porteurs ont pu entendre ce qu‘il est attendu d’eux pour être sélectionné puis soutenu par le riche écosystème français. Et ce qu’il peut leur apporter aussi bien sûr !
L’opportunité du marché
S’il est une erreur commune des apprentis entrepreneurs, c’est de rester enfermé à développer son projet sans savoir ni vérifier si quelqu’un souhaite utiliser la solution imaginée. Connaître l’écosystème dans lequel on devra survivre et idéalement croître, c’est-à-dire vos clients, vos utilisateurs (ce ne sont pas forcément vos clients), vos partenaires et même vos concurrents est essentiel.
La deuxième demi-journée fut consacrée pour chacun à travailler à son écosystème et pour ceux qui le connaissaient à définir leur courbe de valeur. Le modèle de la courbe de valeur fournit un cadre permettant d’identifier où la valeur d’une entreprise est créée et comment elle est délivrée par ses produits et/ou services. Il offre une vue d’ensemble du paysage concurrentiel pour déterminer où se situe la part de marché et où elle se dirige.
La première journée s’est terminée par un diner convivial où les esprits ne se reposent pas toujours mais continuent des échanges passionnés.
Vitesse d’exécution, vitesse d’apprentissage, intensité et passion
La seconde journée commence depuis 3 ans par un invité de marque, Alexis Robert de Kima Ventures. Sans langue de bois, ce « nerd » entrepreneur qui n’aurait jamais pensé devenir venture capitaliste du fonds de Xavier Niel a expliqué avec passion que les investisseurs cherchent à investir dans des projets à 80% pour les qualités entrepreneuriales et pour 20% pour des marchés intéressants. En rencontrant des startupers, ils vont essayer de valider pendant leur « due diligence » si les entrepreneurs démontent d’exceptionnelles vitesse d’exécution, vitesse d’apprentissage, intensité et passion.
Vous l’avez noté pas de business plan dans cette analyse. Mais ils cherchent aussi un très grand marché et Alexis d’expliquer qu’un grand marché donne plus d’opportunités aux entrepreneurs pour trouver rapidement de nouveaux clients et aussi la possibilité de pivoter. Autre conseil d’ami d’Alexis : la lecture incontournable du Mom Test, ouvrage dont il a déjà été question ici dans le post sur l’exploration marché.
Le Business Plan Model Canvas
Autre sujet incontournable quand il est question de Business Plan, est le célèbre outil développé par Alexander Osterwalder.
C’est un outil dangereux à utiliser quand on n’y est pas préparé ou quand le projet n’a pas encore atteint un niveau de maturité qui en rend l’emploi utile. Il faut avoir maitrisé les sujets discutés la veille pour se lancer dans la description de ce que sera la future entreprise : ses clients, sa proposition de valeur, comment se structureront les canaux de distribution et les relations clients et les sources de revenus, et sur la partie gauche du canvas, comment la structure de l’entreprise sera décrite par des ressources et activités clés, en relation avec des partenaires, tout cela engendrant une structure de coûts. Nos porteurs pouvaient selon la maturité de leur projet survoler ou approfondir ces 9 éléments essentiels.
Et la suite ?
Si le projet d’entreprise se concrétise, le passage à l’acte requerra des ressources, humaines et financières. Il faut donc planifier, c’est tout l’intérêt de rédiger enfin un business plan, qu’il soit constitué de 10 slides ou 20 pages de texte. L’entrepreneur.se peut quantifier ce dont il aura besoin à un horizon 18 mois, trois ans, voire cinq ans, sans trop lire dans la boule de cristal.
Ce document est pour vous l’entrepreneur. L’investisseur a trop peu de temps pour le lire, il vous donnera 20 minutes pour expliquer votre projet et être intéressé, ensuite il approfondira peut-être. Mais vous devez devenir un expert de votre sujet, le business plan en sera la mise sur le papier, en évolution permanente.
Paul Berrux, directeur de Multeam et leveur de fonds fut notre troisième invité et partagea son expérience sur ces sujets complexes. Les porteurs firent ensuite l’exercice de se projeter à trois ans.
Deux jours intenses et passionnants !
Date de publication : 07/11/2024